Vous étiez très discret ces derniers temps mais il semblerait que la tendance s’inverse. Que s’est-il passé ?
Je fais du rap depuis l’âge de 13 ans. J’ai toujours eu le goût de l’écriture, le plaisir de chanter est venu par la suite. A l’époque, ce n’était pas aussi simple de percer dans le rap. J’enregistrais dans ma chambre ! Nous avions tous envie de suivre le chemin de nos influences, Keny Arkana, Sinik, Psy 4 de la Rime, mais la réalité était plus sombre voire inaccessible. La place du rap il y a dix ou vingt n’était pas du tout la même que maintenant et nos aspirations également. Moi, j’écrivais pour le plaisir et surtout pour évoquer des choses qui me parlaient. J’ai toujours adoré la langue française et j’avais beaucoup d’imagination. Combinez les 2 et vous avez un bon cocktail pour faire des sons plutôt intelligents et intéressants !
A quel moment l’envie de créer ta propre place dans cet univers est-il venu ?
Jusqu’en 2017, j’ai concentré mon énergie autour de ma vie personnelle. Par la suite, j’ai ressenti le besoin de revenir plus fort. Bien sûr, j’avais déjà fait des scènes localement, notamment les premières parties de Zaho, Médine, Booba. J’avais une petite fan base autour de Marseille et j’avais de plus en plus envie de leur rendre leur engouement et leur enthousiasme envers mes sons. En 2015, j’ai fait un son après les attentats de Charlie Hebdo, Je suis Sali. Je faisais vite 100 000 vues sur Youtube sans promo. Puis, j’ai sorti le projet B15 en 2018 qui a fait deux millions de streams. Je me suis dis qu’il y avait peut-être quelque chose à faire, que je devais être un peu moins fainéant et que je devais mettre toutes les chances de mon côté pour créer un projet musical. Depuis trois ans, j’ai constitué une équipe solide avec un manager, un producteur et des compositeurs qui croient en moi. J’ai 20 à 30 sons de prêt et nous bossons durement en indépendant pour pouvoir sortir des sons de qualité dans les semaines à venir et, ensuite, j’espère un album !
Quel style de rappeur es-tu ?
Je suis un peu rentre-dedans ! Enfin, davantage lorsque j’étais plus jeune, là je me suis plutôt assagi. J’ai beaucoup évolué dans mon écriture avec la maturité. Mais je reste quelqu’un qui m’exprime avec des mots de la street. Je veux que mes textes racontent des histoires mais parlent aussi à la gente féminine, je l’intègre dans ce que j’écris. J’essaie que mes messages soient clairs, efficaces et sensés et qu’ils accompagnent les gens dans la vie du quotidien, qu’ils les touchent et les fassent évoluer également. Mes sons sont souvent mélancoliques parce que la vie est comme cela aussi. Mais rien ne m’empêche de créer des sons plus ambiançant. A notre époque, le rap n’a plus de limites … mais ça n’a pas que du bon !
Que voulez-vous dire ?
Auparavant, le rap était négligé. Il l’est encore d’ailleurs. Mais, aujourd’hui, il est maltraité. Il est clair que le rap urbain mène à la baguette l’industrie musicale. Jul, Naps, ces rappeurs génèrent beaucoup d’argent et je respecte leur travail. Moi, je suis un rappeur à textes. Regardez Orelsan, tout en faisant du rap avec du sens, il pète les scores ! C’est cela qui m’inspire. J’estime que c’est mon devoir et c’est aussi ce que ma communauté attend de moi.
Le ramadan a débuté depuis peu. Comment vous sentez-vous ?
Je suis quelqu’un de très pratiquant et cette période de notre calendrier religieux est l’un des piliers de notre foi. Je suis très impliqué et, naturellement, je mets de côté la musique pour me rapprocher de Dieu et être en accord avec moi-même. Je ne vis pas mal le jeûne, il me fait beaucoup de bien, physiquement et émotionnellement. Je reviendrais dans quelques semaines avec les batteries rechargées à bloc !
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