La religion peût-être source de conflits dans un couple, surtout si elle n’est pas partagée. C’est ce que nous expliquent ces trois femmes qui aimereiant conjuguer leur amour pour Dieu et celui de leur chéri.
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Najet, 36 ans, chef de projet : « Chez moi, on faisait le ramadan et on se cantonnait à ne pas manger de porc, sans plus ».
Étudiante, mes amis étaient pour la plupart athées et ça ne me dérangeait pas. Puis, à une soirée, j’ai rencontré Julien. Il avait visité beaucoup de pays arabes et connaissait ma propre culture bien mieux que moi ! Nous sommes restés deux ans ensemble avant qu’il ne fasse sa demande en mariage. Mes parents, tolérants, ont accepté car seul mon bonheur comptait à leurs yeux. Deux ans après notre union, j’ai vécu une succession de drames : une fausse couche, puis la mort de mon père et, ensuite, celle de ma petite sœur, d’un accident de la route. Tout cela en dix-huit mois ! J’étais très éprouvée et j’avais des idées noires. C’est à ce moment-là que, grâce à une amie, je me suis tournée vers la religion. Le Coran m’a apaisée. J’ai compris mon erreur d’avoir mis la religion de côté. J’ai commencé à culpabiliser et à remettre en cause mes choix de vie, y compris notre couple. J’ai parlé à Julien de mes états d’âme mais il s’est braqué. Selon lui, je l’avais connu ainsi et je n’avais pas le droit de vouloir le faire changer. Dans le fond, je sais qu’il n’a pas tort mais je n’y peux rien, j’ai changé dans ma foi. Aujourd’hui, notre couple est en péril. Il pense que je me radicalise dans la religion par désespoir. Je ne comprends pas son manque d’ouverture. Notre projet d’enfant est en suspens. Je suis déçue et triste. Mon cœur est tiraillé entre la raison et les sentiments. »
Narimane, 26 ans, étudiante en commerce international : « Quand j’ai connu mon futur mari, je l’ai prévenu que la seule condition à notre union était sa conversion ».
Il semblait très ouvert puisqu’il a grandi avec des amis musulmans dans une cité. Un jour, il a accepté de faire le ramadan avec moi, j’étais comblée. Surtout, je ne voulais pas qu’il le fasse uniquement pour moi, mais vraiment par conviction. Un soir, quand il a accompagné mon frère à la mosquée, je m’imaginais déjà un mariage dans le din. Il me l’avait promis. Nous avons fait un mariage religieux durant lequel il a récité sa profession de foi. Pour moi et au vu de tous, il était devenu musulman. Il ne faisait pas encore la prière mais me promettait qu’il allait la faire. À partir du moment où nous avons emménagé ensemble et consommé notre union, il a changé du tout au tout ! Il buvait de l’alcool avec ses amis. Au restaurant, il lui arrivait de commander des plats avec du porc, il me disait que ça lui manquait. Et puis, il n’a jamais commencé sa prière. J’ai tellement honte, j’ai l’impression de m’être fait avoir. Il n’est pas musulman et j’ai l’impression qu’il ne le sera jamais. Je ne peux pas en parler à ma famille ni à mes proches car je n’assume pas du tout. Cette histoire a terni notre amour. »
Fouzia, 54 ans, mère au foyer : « Je me suis mariée avec Stéphane en connaissance de cause ». Je savais qu’il ne croyait pas en Dieu. Mais au fond de moi, je gardais espoir. Je me disais qu’en côtoyant ma famille, il pouvait changer d’avis. Je n’en ai jamais fait une obsession, car il me laissait pratiquer ma religion. Quand on a eu notre premier !ls, il a accepté la circoncision, pour des raisons d’hygiène. À la naissance de nos deux autres !lles, pas de souci non plus. Je peux dire que nous étions un couple mixte vivant en harmonie. Mais quand mes enfants sont devenus adolescents, ils se sont eux-mêmes intéressés à l’islam. On pratique tous ensemble, sans que mon mari ne prenne jamais part. Ça me désole. Je me dis que c’est la seule chose qui manquerait à notre bonheur. J’aimerais tant faire La Mecque un jour à ses côtés. Mais je ne désespère pas, un jour peut-être, il récitera la Fatiha. » •