Nawel Ben Kraiem repousse avec foi et vigueur toute idée de morcellement. Dans son art d’abord, car elle est chanteuse, mais aussi comédienne et poétesse – en 2021, elle a publié son premier recueil de poésies, J’abrite un secret, aux éditions Bruno Doucey, auquel cet album de chansons fait écho, et dont l’idée a émergé après sa présentation théâtrale à la Maison de la poésie dans une mise en scène de Marcel Bozonnet.
Je chante un secret est le cinquième album conçu par l’artiste franco-tunisienne, qui a grandi à Tunis jusqu’à ses 16 ans et qui vit aujourd’hui à Saint Denis.
Nawel nous dit de sa voix exceptionnellement forte, grave, modulée à la façon des
chekhates du raï ou empreinte de tension pop, qu’il ne faut pas chercher à rompre les
digues protectrices de nos sentiments et de nos rêves.
L’opus contient du chant, du parler-chanter, du franc-parler, de la performance, façon Patti Smith ou Kae Temp est, ouvrant les vannes de la colère et de l’énergie jusqu’à se faire peur.
Nawel, en chant et en mots, fournit les armes de la reconquête intérieure.
Elle porte en elle des identités multiples, des modes de vie divers, des générations perdues et des graines de futur.
Je chante un secret est logiquement musicalement hybride, nappé d’électronique, de colères, d’atmosphères nourries à l’énergie du raï ou aux orgues mélancoliques. Co-produit avec son acolyte Nassim Kouti, guitariste et arrangeur et le londonien Tim Whelan du groupe de fusion électro-world Transglobal underground, l’album a été mixé par Mitch Olivier (Bashung, M..),- un choix évident pour une artiste qui a été vue en première partie de Susheela Raman ou de Natacha Atlas, structuré sur des textes vibrants et une mise en musique électrique.