Ici, Khadija la combattante et Maître Pauline Rongier devant le tribunal judiciaire de crédit photo : @simbad2b*
Le 21 mai 2025, une décision historique a été rendue par le tribunal judiciaire de Paris. L’État français est officiellement reconnu responsable pour les dysfonctionnements graves du service public de la justice dans l’affaire Khadija, victime de violences conjugales.
Par Ibtissam Assebbane
Une victoire pour Khadija, une avancée pour toutes les victimes
« Nous avons réussi à faire reconnaître la responsabilité de l’État pour les dysfonctionnements graves du service public de la Justice subis par Khadija ! », annoncent Me Pauline Rongier et Khadija la Combattante.
Après quatre années de combat judiciaire acharné, le tribunal de Paris reconnaît enfin les manquements qui ont privé Khadija de son droit fondamental à participer à son propre procès. Une victoire symbolique et réparatrice, arrachée de haute lutte.
Trois fautes lourdes commises par la cour d’assises de Limoges
Le tribunal judiciaire de Paris a établi trois fautes lourdes imputables à la cour d’assises de Limoges dans la gestion du procès de Khadija :
• L’irrégularité de la convocation, envoyée à une ancienne adresse malgré les coordonnées actualisées dans le dossier.
• L’absence de renvoi du procès, bien que la victime n’ait pas été présente.
• Le refus du parquet d’interjeter appel de l’acquittement intervenu après un procès auquel Khadija n’a pas pu assister.
Un procès sans la victime, une justice déséquilibrée
L’affaire remonte à 2017. Khadija accuse son ex-compagnon, Khalid B., de viols, violences et séquestration. Déjà condamné auparavant, il récidive peu après sa libération. Le procès, initialement prévu en mars 2020, est reporté à septembre en raison de la pandémie. Mais une erreur de convocation empêche Khadija d’être informée. Le parquet, bien qu’averti, ne réagit pas.
« La cour d’assises l’a privée de la vertu réparatrice du procès, mais aussi d’une chance de faire condamner son agresseur. », souligne Me Rongier.
Résultat : un verdict inéquitable. Khalid B. est condamné à huit ans de prison pour violences, mais acquitté des accusations de viol, faute d’avoir entendu la victime. Khadija, absente, ne peut ni témoigner ni faire appel.
Un jugement pour les victimes invisibilisées
« Cette bataille, nous l’avons menée aussi pour toutes les victimes invisibilisées par la justice. » assure Me Pauline Rongier.
Ce jugement ne concerne pas uniquement Khadija. Il établit une jurisprudence forte pour toutes les victimes oubliées ou négligées dans les procédures pénales. Le tribunal de Paris consacre l’importance capitale de leur présence et de leur voix.
« Par ce jugement, le tribunal de Paris consacre l’importance de la victime dans le procès pénal et l’importance du procès pénal pour la victime. » proclame Me Pauline Rongier.
Khadija la Combattante : un symbole de résilience et de justice
Aujourd’hui, Khadija devient un symbole puissant de résistance et de justice réparatrice. Surnommée « Khadija la Combattante », elle incarne l’espoir de toutes celles et ceux qui, malgré les silences institutionnels, continuent à se battre pour faire entendre leur vérité