Nombreux sont les parents qui se disent victimes à tort d’accusations de maltraitance sur leurs enfants. Même s’ils réussissent à prouver le contraire auprès des autorités, il n’en reste pas moins que la situation vécue est très éprouvante et traumatisante.
ll peut arriver que certaines familles soient signalées pour maltraitance sur leurs enfants par des anonymes, des voisins et parfois même par des membres de la famille. Si ces déclarations aboutissent à un non-lieu et sont classées sans suite par les services sociaux, elles causent beaucoup de torts, de stress, d’angoisses pour les personnes incriminées, sans compter les conséquences sur les enfants. Ces actes s’expliquent souvent par de la méchanceté gratuite, un besoin de vengeance… « Dans le classement des signalements abusifs, les ex-conjoints se trouvent en première position. Cependant, les conflits familiaux, le voisinage, les règlements de compte peuvent aussi entraîner de faux signalements ou des signalements abusifs », explique un Il peut arriver que certaines familles soient signalées pour maltraitance sur leurs enfants par des anonymes, des voisins et parfois même par des membres de la famille. Si ces déclarations aboutissent à un non-lieu et sont classées sans suite par les services sociaux, elles causent beaucoup de torts, de stress, d’angoisses pour les personnes incriminées, sans compter les conséquences sur les enfants.
Ces actes s’expliquent souvent par de la méchanceté gratuite, un besoin de vengeance… « Dans le classement des signalements abusifs, les ex-conjoints se trouvent en première position. Cependant, les conflits familiaux, le voisinage, les règlements de compte peuvent aussi entraîner de faux signalements ou des signalements abusifs », explique un os rapports, nous pouvons seulement indiquer que les éléments que nous avons recueillis ne nous ont pas permis de dire qu’il s’agit bien d’un cas de maltraitance. C’est notre responsabilité professionnelle qui est engagée, donc nous ne pouvons pas dire avec certitude que les déclarations sont fausses, sauf lorsque nous avons un examen médical ou un autre document factuel nous permettant d’affirmer que les accusations sont fausses », ajoute le professionnel interrogé. Il n’existe pas de profils types de bons ou de mauvais parents, car les maltraitances touchent toutes les classes sociales. Faire de la prévention contre le « burn-out » est l’une des solutions pour permettre aux parents de travailler leurs difficultés.
SIGNALÉE DURANT LE CONFINEMENT
Saliha, 39 ans, est maman célibataire d’un enfant de 8 ans. Son mari l’ayant quittée à la naissance de leur fils, elle l’élève seule. « Je dois chaque jour revêtir toutes les casquettes. Ce n’est pas évident, mais je l’assume complètement. Il ne manque de rien, je veille à ce qu’il ait une bonne éducation. Je le corrige par des punitions, mais en aucun cas je ne le maltraite, ni physiquement ni psychologiquement. Je sais que certaines paroles peuvent rester en tête et marquer une personne jusqu’à l’âge adulte. Je n’ose pas le faire. Cependant, j’ai tendance à crier lorsqu’il ne m’écoute pas. Cela m’a même valu d’être signalée aux services sociaux, par des voisins dont le nom ne m’a pas été dévoilé. Pendant toute la durée du premier confinement, mon fils était avec moi, son père n’a même pas daigné venir le voir. Je pense que les nombreuses publicités incitant les gens à dénoncer des cas de maltraitance ont eu leur rôle à jouer. Cependant, j’ai été signalée à tort, pour ma part. Je suis partie en vacances fin juin et, à mon retour mi-juillet, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un courrier. Je ne m’attendais pas à découvrir ce que j’ai lu. J’étais choquée. J’étais convoquée à l’aide sociale à l’enfance avec mon fils. Je ne savais pas encore ce qui m’était reproché, mais j’allais très vite le savoir. Nous nous sommes rendus dans leurs locaux et on m’a dit qu’une voisine m’avait entendue crier à l’attention de mon fils durant le confinement. Ce que j’ai reconnu car mon enfant a du mal à faire ses devoirs. Faire le professeur toute la journée n’est pas une mince affaire. Les deux professionnels de l’enfance lui ont posé des questions aussi. À la suite de cet échange à l’ASE, quelques jours plus tard, nous avons reçu un courrier pour nous informer qu’ils nous rendraient visite à notre domicile. Deux femmes se sont présentées chez nous et nous ont posé de nombreuses questions sur notre vie. Elles ne m’ont pas caché que ce qui les gênait un peu était que le papa ne lui ait pas rendu visite depuis longtemps. En fait, de par mon indifférence vis-à-vis de lui, les travailleurs sociaux en ont déduit que je ne souhaitais peut-être pas qu’il garde contact avec son fils. Pourtant, c’est loin d’être le cas, même si pour ma part, je n’ai plus de sentiments envers lui. Il m’a été proposé d’avoir une aide extérieure pour éduquer mon fils, mais j’ai décliné cette proposition. Ensuite, il m’a été indiqué que mon dossier allait encore être étudié par d’autres personnes lors d’une réunion. Finalement, ce signalement a été classé sans suite. Il a généré beaucoup de stress, aussi bien pour mon fils que pour moi-même, d’autant plus que je n’avais rien à me reprocher », confie-t-elle.
SIGNALÉE À CAUSE DES TROUBLES DU COMPORTEMENT D’UN ENFANT
Camilya, 42 ans, a deux enfants de 14 et 9 ans. Maman célibataire, elle a été signalée aux services sociaux pour négligence et maltraitance sur mineurs. « Mon mari est parti du domicile il y a cinq ans. Rien n’allait plus entre nous et nous nous disputions souvent. À l’époque, ma fille n’avait que 4 ans. Elle souffrait déjà de mutisme sélectif, ne parlait jamais, surtout aux inconnus, et le pire, c’était à l’école. Dès la première année de maternelle, la maîtresse m’avait signalé son comportement qu’elle trouvait “atypique”. Ma fille se renfermait sur elle-même, ne répondait pas aux interrogations, ne travaillait jamais et faisait souvent d’énormes crises, que ni elle, ni l’ATSEM ne parvenaient à contrôler. Je pensais que ma fille était juste perturbée par la séparation de ses parents. Cependant, j’étais loin de me douter qu’elle avait un problème particulier. Elle était effectivement difficile, même avec nous. Elle ne nous laissait pas l’approcher, faisait d’énormes crises de nerfs, pouvait se battre à l’école, même avec les garçons. Une fois, en primaire, elle a eu des poux. Elle avait les cheveux longs et ne me laissait jamais la coiffer ni traiter ce problème. J’ai été convoquée par sa maîtresse de CP à plusieurs reprises. Elle ne comprenait pas, elle pensait que j’exagérais et que je négligeais ma fille au point de ne pas lui retirer ses poux. Elle m’a alors signalée aux services sociaux. Ils m’ont convoquée et sont venus chez moi à plusieurs reprises. Lorsqu’ils ont compris que ma fille souffrait de plusieurs troubles, ils ont abandonné la piste de la maltraitance. Ils m’ont alors proposé de la faire suivre et ont aussi évoqué la possibilité d’aides éducatives. J’ai accepté, pour le bien de ma petite. Son état est grave, elle a même tenté de sauter par la fenêtre du balcon à plusieurs reprises. Elle prend un traitement car elle souffre d’un profond mal-être. Elle a d’ailleurs récemment été diagnostiquée bipolaire. Ce faux signalement, même s’il était angoissant, a permis de mieux appréhender ses troubles de santé psychique. C’est un mal pour un bien », précise-t-elle.
Et la loi, elle dit quoi ?
D’un point de vue législatif, la non dénonciation de maltraitance comme le faux signalement entraînent des poursuites. L’article 434-3 du Code pénal indique que la non-dénonciation de mauvais traitements infligés aux mineurs est un délit spécifique, puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Les enfants en danger sont ceux victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques ou de fortes négligences. Si une personne ou une institution (école, hôpital…) est témoin de près ou de loin de maltraitance sur enfant, elle est tenue de procéder à un signalement auprès des services sociaux, du procureur de la République ou des cellules de recueil dédiées. Le signalement peut être fait par écrit ou par téléphone (le numéro à composer est le 119) avec la possibilité de rester anonyme, et n’engage à rien juridiquement. Attention cependant aux faux signalements ou aux signalements abusifs, passibles de poursuites judiciaires et font encourir une peine allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.