Sorahia est une danseuse orientale professionnelle passionnée. Sa particularité ? Elle puise sa force dans chaque mouvement et déhanché pour taire le cancer contracté la première fois, il y a quatre ans. A l’occasion d’Octobre Rose, la jeune femme témoigne pour transmettre aux femmes malades ou non, l’envie de s’accrocher à la vie pour poursuivre leur combat. Elle souhaite ainsi démontrer que l’art peut être une passerelle pour accepter et endurer l’épreuve.
Par Darine Habchi
Force et résilience : deux termes qui définissent parfaitement l’état d’esprit dont fait preuve Sorahia, danseuse orientale professionnelle qui combat deux cancers apparus en 2021, puis en 2023 après une rémission du premier. Si beaucoup auraient délaissé leur passion, Sorahia s’y est accrochée davantage, comme si elle refusait ce diagnostic qui romprait sa relation à la vie. Malgré ces deux diagnostics sombres, la jeune femme n’a jamais envisagé d’arrêter la danse orientale, une passion qu’elle nourrit et pratique depuis 1993. Pour donner vie à ses ambitions, elle a créé sa troupe de danse, en 2006. Celle-ci porte le nom de khamsin, un vent du désert égyptien, puissant et qui, comme son nom l’indique, souffle pendant cinquante jours, au printemps. « Les médecins m’ont pourtant recommandé de ménager mes forces mais pour moi continuer de danser était une évidence, c’est poursuivre mon existence sans me laisser abattre. Transportée par un élan d’enthousiasme mêlé d’espoir, la jeune femme se rattache à la vie, encouragée aussi par l’amour de ses proches et notamment, de ses enfants.
Transmettre l’envie d’avancer par les pas de danse
Combattre le cancer par la danse est une manière pour elle d’éluder et d’aller au-delà des souffrances physiques mais aussi psychiques que peuvent provoquer le cancer. Elle permet de ne pas s’isoler, de garder le lien. Quand d’autres trouvent des mots pour parler de leurs maux, en revanche, pour elle, ce sont les pas et les mouvements qui la motivent à continuer d’endurer un quotidien fait d’instants douloureux mais aussi truffés de bons moments en compagnie des danseuses amatrices qui l’accompagnent. Sorahia tente de transmettre à ses élèves le goût de l’art pour panser leur blessure physique et émotionnelle. « Les femmes viennent, au départ, pour apprendre à danser puis au bout du compte, elles découvrent tous les bienfaits que cette activité offre. Elles évacuent le stress et prennent le temps pour elles, elles retrouvent aussi leur féminité. La danse orientale est une danse particulière, elle fait appel à ce que l’être humain a au plus profond de lui. Je trouve qu’il y a une véritable guérison qui s’opère. La musique et la danse nourrissent l’âme. Les femmes repartent rebootées, et tous les soirs je reçois des remerciements de certaines d’entre elles, même au bout de 20 ans » confie la jeune femme. Plus qu’une gratification ou une reconnaissance, Sorahia nourrit ainsi le sentiment que ses cours agissent tels une thérapie sur elle-même mais aussi sur ses paires.

Quand la danse et la foi réconcilient le corps et l’esprit
Sorahia offre une autre image de la danse orientale. En effet, certaines personnes nourrissent l’idée qu’il faille avoir un corps souple, un ventre plat, mais après avoir essayé, s’aperçoivent que c’est une activité fédératrice. Ces femmes gagnent en confiance et sont plus à l’aise avec leur corps ; la danse orientale améliore leur posture. La tête est plus haute, la poitrine bien relevée, les mouvements s’accordent et la bascule du bassin suit avec harmonie le rythme de la musique. Tout paraît parfaitement synchronisé pour permettre de se sentir bien et surtout de mieux traverser les tumultes du quotidien. « Lorsque je suis tombée malade, j’ai réellement compris la véritable signification d’une partie du verset 286 issu de la sourate el Bakara : « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité… » Je me suis rendu compte que j’avais bien plus de ressources pour combattre la maladie que je ne le croyais. Nous disposons d’un bon suivi médical et de soins adaptés », confie la jeune femme dont la foi religieuse reste grande malgré les difficultés. Elle explique d’ailleurs que le simple fait de mettre en place des chorégraphies lui permet de se sentir utile. Selon elle, la danse ouvre la voie à celles qui n’osent pas parler de leurs problèmes, pensant qu’elles seront incomprises ou qu’elles sont différentes des autres femmes. En rétablissant le lien entre le corps et l’esprit, la danse orientale devient, avec Sorahia, un espace d’expression et de bien-être accessible à toutes.
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